Pompes à chaleur (PAC) à 1 € : Attention aux fausses promesses
Depuis plus d’un an, publicités alléchantes et démarchages téléphoniques se multiplient. Pour seulement 1 €, on vous propose de remplacer intégralement votre ancien chauffage par une pompe à chaleur, grâce aux Certificats d’Économie d’Énergie (CEE). Si les entreprises qui font ces offres ne sont pas vraiment dans l’illégalité, il est plus que conseillé de redoubler de vigilance. Entre coûts cachés et concurrence déloyale, l’effet d’aubaine pourrait tourner court…
Démarchage dissimulé
« Nous avons au moins une demande de renseignement par semaine de personnes qui ont vu ces offres à 1€ sur internet ou qui ont été contactées par téléphone », constate Aline Lejart, cheffe de projet Rénovation Énergétique pour les communautés du Pays de Saint-Malo. « Le démarchage téléphonique dans le secteur de la rénovation énergétique est formellement interdit. Mais ces sociétés ont trouvé la parade en proposant, par téléphone, des études énergétiques. Qui débouchent bien entendu sur des propositions commerciales… »
Ces entreprises sont mandataires et peuvent solliciter les CEE en lieu et place de leurs clients. Leurs marges dépendent du coût des matériels et de la pose. Elles achètent donc de grandes quantités d’équipements de chauffage auprès des fabricants. Reste à envoyer des sous-traitants les installer au meilleur prix dans toute la France…
État des lieux bâclé
Tout prestataire doit désormais réaliser un diagnostic énergétique avant devis. Ceux des mandataires ne sont souvent qu’un rapide état des lieux. Par contre, ils préconisent systématiquement l’installation d’une pompe à chaleur et/ou d’un ballon thermodynamique…
« Ces deux solutions ne sont pas forcément les plus pertinentes », estime pourtant Jérémie Genevée, plombier-chauffagiste à Cancale. « Une vraie étude thermique est indispensable. En fonction de leurs attentes, de la configuration du logement, du coût des travaux ou de fonctionnement, etc., d’autres solutions, comme la géothermie, les chaudières à bois, voire à gaz, peuvent être plus intéressantes. Mais ces solutions n’ont pas ou peu d’aides gouvernementales. Elles n’intéressent donc pas les démarcheurs. Et même si la pompe à chaleur s’avère être la solution la mieux adaptée à une situation donnée, encore faut-il bien dimensionner sa puissance… »
Efficacité, SAV et concurrence déloyale
Une solution de chauffage et/ou d’eau chaude non adaptée peut engendrer des surcoûts d’investissement ou de fonctionnement. Une PAC trop (ou trop peu) puissante cause une usure prématurée des équipements et un remplacement précoce qui grève lourdement la rentabilité du projet. En cas de panne, il va être difficile de solliciter le SAV d’une entreprise située à l’autre bout du pays. Et les entreprises locales refusent souvent d’intervenir sur des équipements qu’elles n’ont pas elles-mêmes installés. Bref, plusieurs bonnes raisons d’y regarder à deux fois avant de signer…
Mais pouvoir s’équiper à 1 € est définitivement tentant pour de nombreux ménages, qui tentent leur chance plutôt que de solliciter les PME locales. Ces dernières n’ont pas les moyens humains d’assumer la lourdeur administrative de la gestion de CEE et donc de s’aligner sur cette concurrence… pas tout à fait loyale.
En effet, les démarcheurs misent sur le faible nombre de contrôles pour solliciter des CEE sur des dossiers non éligibles, comme des résidences secondaires, par exemple. « Nous faisons remonter ces informations aux organismes de contrôle et nos ministères de tutelle », précise Aline Lejart. « Avec les changements pour MaPrimeRénov’ en 2024 en faveur de la rénovation globale, nous craignons que la situation s’aggrave. Ces pratiques mettent en danger l’économie locale et ne sont en aucun cas l’assurance d’un service de qualité pour les usagers. »
Aline LEJART, cheffe de projet Rénovation Énergétique pour les communautés du Pays de Saint-Malo, et Jérémie GENEVEE, plombier-chauffagiste à Cancale.
Télécharger le communiqué de presse : 
A quoi ressemble un devis à 1 € ?