L’accueil des oiseaux d’eau

Le marais de Sougeal est reconnu pour sa capacité d’accueil des oiseaux d’eau en période hivernale et de migration notamment. En tout, ce sont près de 60 espèces d’oiseaux qui ont pu être recensées dans les différentes listes consultées, avec pour certaines de ces espèces, des effectifs conséquents.

Depuis la réhabilitation du marais, il a été constaté une stabilité des effectifs de canards sur le site, toujours d’importance communautaire pour le canard Pilet. Il faut noter un intérêt croissant du site pour les limicoles (petits échassiers) et les ardéidés (hérons).

La gestion des niveaux d’eau est actuellement calée sur le cycle de reproduction du brochet et est également déterminée par les dates de pâturage, néanmoins cette gestion hydraulique correspond aux besoins des oiseaux d’eau sur les périodes d’hivernage et de migration prénuptiale. L’objectif de cette gestion est donc de maintenir des niveaux d’eau adéquats pour l’accueil des oiseaux d’eau sur ces périodes à l’aide des ouvrages hydrauliques présents sur le site. Les vannes permettent ainsi de maintenir une hauteur d’eau de 50 cm au cœur des prairies.

La nidification des oiseaux d’eau

Le marais de Sougeal présente une diversité d’oiseaux nicheurs intéressante et tout à fait représentative de ce type de milieu. Si plusieurs espèces ont un statut de conservation défavorable en France ou en Europe, le marais de Sougeal n’est cependant pas un refuge primordial pour une seule des espèces recensées.

La gestion hydraulique pratiquée dans le cadre de la reproduction du Brochet n’est pas optimale pour favoriser l’efficacité de reproduction de la majeure partie des espèces recensées sur le marais en période de nidification (vidange trop précoce).

Face à ce potentiel, grâce aux ouvrages hydrauliques, le gestionnaire expérimente sur certains secteurs une gestion de l’eau différenciée avec des niveaux maintenus sur une période plus importante que sur l’ensemble du marais.

Par ailleurs, L’absence de zones enherbées hautes sur le marais ne permet pas à certaines espèces d’oiseaux nicheurs, potentiellement présentes sur le site en période de reproduction de s’installer. Là encore, le gestionnaire engage des actions visant à diversifier les habitats et à favoriser l’accueil de certaines espèces d’oiseaux paludicoles et des prairies. Une roselière en bordure du marais a récemment été réouverte et fait l’objet d’un entretien régulier. Des zones expérimentales le long de certaines berges sont également mises en défend de pâturage afin de faire évoluer la hauteur de végétation.

Un travail en faveur de la reproduction de la cigogne blanche est également engagé afin de pérenniser la nidification de l’espèce observée depuis de nombreuses années et qui s’est déjà reproduite aux abords du site. L’implantation de nouvelles plateformes doit permettre d’atteindre cet objectif.

La reproduction du brochet

Le marais de Sougeal est considéré comme une des trois principales zones humides de Bretagne pour la reproduction naturelle du brochet. Les aménagements réalisés sur le marais fin des années 90 – début des années 2000 ont permis de restaurer son fonctionnement hydraulique, lui permettant de retrouver son rôle vis-à-vis de la reproduction du brochet. La gestion des niveaux d’eau est actuellement calée sur le cycle du brochet. Ainsi, le marais est ennoyé de février à mi-avril, avant d’être vidangé très progressivement jusqu’au 15 mai. En février, les géniteurs rejoignent les zones de fraie à l’occasion des débordements du cours d’eau ou en utilisant la passe à poisson. La ponte et le développement des larves ont lieu sur les zones inondées à végétation terrestre ou aquatique recouverte de 20 cm à 1 m d’eau. En fin de printemps, les jeunes brochets migrent vers la rivière lors de la vidange. Le gestionnaire doit veiller au maintien de cette gestion hydraulique adaptée à la reproduction du brochet, à l’aide des ouvrages de vannage.

L’entretien des prairies

Le marais de Sougeal est un milieu de prairies ouvertes. Cette particularité associé à la proximité de la Baie du Mont Saint-Michel, garantissent lorsque les prairies sont ennoyées, la présence de nombreux oiseaux d’eau durant les périodes hivernale, de migration et de reproduction. Cet habitat constitue une zone de fraie idéale pour le brochet qui après accouplement, dépose ses œufs sur l’ensemble des prairies inondées.

La préservation de ces habitats est primordiale pour le bon fonctionnement du site. Cela passe par le maintien des prairies en milieu ouvert selon un pâturage qui doit être adapté à la capacité fourragère du site, sans créer de déséquilibre ou de surpâturage. Le pâturage sur le marais est géré par la commune de Sougeal. Son utilisation est réservée aux agriculteurs de la commune qui doivent verser à la mairie une taxe de pacage annuelle. L’usage du marais est régi par un règlement voté chaque année en conseil municipal et fixant les dates de mise à l’herbe, de retrait des bêtes, le montant de la taxe communale et les conditions d’utilisation du marais comme les normes sanitaires et l’identification des animaux. La période de pâturage dure 7 mois, de mai à novembre. Concernant le chargement, la commune a contractualisé récemment une MAEc (Mesure agroenvironnementale et climatique), lui imposant le respect d’un chargement (nombre de bêtes par hectare) maximal moyen annuel sur le marais compris entre 0,3 et 1,2UGB/ha.

La lutte contre les espèces indésirables

Au niveau floristique, des espèces concurrentes ont été relevées sur le marais. Il s’agit principalement, au niveau des prairies, de la Canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa) et du Chardon des champs (Cirsium arvense). Ces espèces s’avèrent contraignantes pour la bonne gestion du site : risque de fermeture des milieux pour la canche et réglementation sur le chardon.

Pour faire face, la Communauté de Communes organise la lutte contre les espèces floristiques invasives ou envahissantes et expérimente des nouvelles techniques de gestion visant à les éradiquer. Cela passe par des opérations de broyage, des fauches expérimentales ou de l’arrachage manuel comme pour la Balsamine de l’Himalaya plante invasive annuelle qui colonise et dégrade les berges du Couesnon.

Au niveau faunistique, la présence et les effectifs des Ragondins et Rat musqués peuvent occasionner de réelles nuisances (déstructuration des berges). Ce qui contribue à l’effondrement des berges puis au comblement des canaux. La commune de Sougeal à l’aide de bénévoles s’organise, en piégeant ces espèces.

L’entretien des habitats aquatiques

Les niveaux d’eau dans le marais de Sougeal sont gérés d’une manière artificielle. Les ouvrages de vannage permettent le maintien de niveaux favorables à la fraie du brochet et à l’accueil des oiseaux d’eau. Les canaux parcourant le marais permettent une bonne circulation de l’eau lors de l’alimentation en eau et de la vidange. Il est donc primordial d’entretenir ces canaux en les curant pour éviter leur comblement.

Les canaux du marais représentent toutefois un habitat favorable pour certaines espèces floristiques dont le Flûteau nageant (Luronium natans). Le curage est donc nécessaire pour éviter le comblement de ce milieu et la colonisation par d’autres végétations qui pourrait à terme entraîner la disparition des plantes aquatiques ciblées, ainsi qu’une perte de la fonctionnalité des fossés. Néanmoins, l’entretien doit être adapté et mené selon une gestion différenciée afin de favoriser le maintien des espèces patrimoniales des canaux.

Le programme d’entretien de ces canaux est régulier (rotation sur 5 à 6 ans). L’entretien se fait à l’aide d’une pelle mécanique qui intervient généralement en fin d’été, lorsque les fossés sont pratiquement à sec. Cet entretien peut influencer directement la présence et le développement d’espèces patrimoniales au sein des fossés. Aussi, un suivi préalable sur les espèces patrimoniales des fossés permet de repérer et matérialiser les stations les plus remarquables afin que la pelle mécanique puisse les contourner lors de l’intervention. Les espèces identifiées peuvent ainsi recoloniser le milieu à partir des stations préservées.

Dans le cadre de la définition de l’opération de gestion lié au curage, il a été établi un programme d’intervention pluriannuel sur 4 ans. En ne curant pas l’ensemble des canaux d’un même secteur la même année, on conserve l’ensemble des espèces présentes. Les fossés ou ruisseaux non curés vont servir de zones refuge et permettre, après les travaux, la recolonisation des secteurs curés. Cette précaution est essentielle pour le maintien du patrimoine biologique.

La diversification des habitats

Le marais de Sougeal a la particularité d’être entretenu grâce au pâturage des troupeaux de bovins, équidés et oies de quelques exploitants de la commune. Ce pâturage permet d’entretenir les prairies en garantissant le maintien d’un milieu ouvert favorable au brochet et aux oiseaux d’eau venant sur le site lorsqu’il est ennoyé, pour s’alimenter en hiver et se reposer lors des migrations. Toutefois, la pression de pâturage influence les groupements végétaux peu diversifiés en certains endroits, notamment au niveau du bourrelet alluvial et des prairies exondées de manière précoce du centre et du nord de la réserve.

Aussi, en mettant en défend de pâturage certains secteurs du marais par la mise en place de clôture, il est permis à d’autres groupements végétaux d’apparaître. Ceci peut être bénéfique à l’avifaune nicheuse en offrant des sites potentiels de ponte et de refuge vis-à-vis des prédateurs, mais aussi à de nombreux invertébrés parmi lesquels les odonates (libellules) et les orthoptères (criquets et sauterelles). Toutefois, il ne faut pas oublier que le maintien de l’activité pastorale doit rester une priorité pour préserver le caractère prairial ouvert du marais. Ces mises en défend sont ainsi de faible superficie et réalisées à titre expérimentale dans un premier temps.

Pour aller dans le sens de cette diversification des habitats, le gestionnaire du marais entretien également une petite roselière en bordure de la réserve afin de lutter contre sa fermeture par les saules. Cette roselière donne des résultats très intéressant en termes d’accueil de passereaux nicheurs avec la présence régulière de la Fauvette à tête noire, de l’hypolaïs polyglotte, des rousserolles effarvatte et verderolle, du Bruant des roseaux, de la Bouscarle de cetti et du Phragmite des joncs.

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